• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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IMG 20220609 184251 1738 Juin 2022 : bien arrivés à Zanzibar, Tanzanie.

Ce petit paradis n'a pas trop changé en 10 ans, malgré une forte augmentation du nombre de visiteurs. La majorité des touristes arriveront en Juillet, nous sommes peinards 🤩 , en Juillet, nous ne serons plua là !

Petites filles s'amusant sur la plage dans la douceur du soir. La bicyclette rend heureux, n'est ce pas ? 

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                                                                                     La culture des algues à Zanzibar se fait dans de petits jardins dans l'océan. 

Elles sont cueillies à marée basse, emmenées à la maison, puis séchées. Par la suite, elles sont vendues pour faire des cosmétiques. Un travail ingrat, pour lequel les femmes gagnent la misère de 1/2 euro/kg d’algues séchées. C'est pourtant la principale source de revenu de 24’000 d’entre elles. Le nouveau président de Zanzibar, Husseyn Mwinyi, qui semble susciter beaucoup d’espoir en raison de sa volonté de lutter contre la corruption et faciliter les investissements, s’est engagé à valoriser cette activité et les habitants attendent de voir. Pour ma part, je suis partie de très bonne heure, car quand la marée monte, il n'y a plus rien à voir, je me suis pris un orage sur la tête et suis rentrée trempée comme une soupe, ça a fait rire le chéri qui n'a pas eu d'eau dans son lit 😂 
 

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Ben et Franck ne sont pas d'ici, mais du continent, ils ne sont à Zanzibar que pour le travail.  Nous avons acheté des coquillages ramassés par des enfants et des femmes sur la plage, bien lavés et jetés dans une casserole avec un peu d'huile et beaucoup d'ail. Tout le personnel de la Guest house a adoré, personne  n'avait mangé de coquillages de sa vie. Seul Franck n'a pas voulu goûter, les Massaï sont plutôt amateurs  de sang, de lait et de viande. 

Tout à l'heure, nos roues vont nous éloigner de cette belle rencontre, mais nous avons passé de merveilleux moments avec eux. Merci les gars, je pense qu'il en faudrait peu pour que vous nous suiviez, mais s'il vous plaît, rendez nous nos vélos. 
 
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Parceque life is now. C'est parti, comme la plupart des lecteurs le savent, nous sommes en Afrique, à Zanzibar pour commencer, avec l'intention de parcourir une partie de la Tanzanie continentale. Je dédie cette photo à tous ceux qui se sentent des ailes dans le dos, qui sont partis ou qui vont le faire, pour quelques heures, quelques jours, quelques mois ou davantage, ceux qui de temps à autre lâchent le quotidien et cette routine qui nous ratatine. En ces temps compliqués et anxiogènes, nous sommes heureux de démarrer un nouveau périple. Nous souhaitons un très bel été à tous. Par contre, maintenant que nous sommes partis, n'attendez pas des nouvelles toutes les 3 minutes, d'une part parceque nous n'aurons pas souvent internet, d'autre part parceque nous avons un peu de route à faire 🤩

Après avoir quitté notre petit paradis de Jambiani, nous enfourchons nos vélos pour partir dans le nord de l'île. Nous commençons par la péninsule et passons une nuit à Kiwenga, une autre à Michamwi,  puis rebroussons chemin pour repartir dans la partie centrale de l'île. 

Nous voici maintenant à Nungwi au nord, nous connaissons bien ce village. Il y a exactement 10 ans, nous arrivions ici complètement groggy, après avoir fait une erreur monumentale. En effet, nous avons embarqué en Tanzanie continentale dans un minuscule bateau (coque de noix) pour une traversée de 5h pour Zanzibar. 5h où nous avons crû crever, 5h à vomir, 5h pendant lesquelles la barque plonge et ressort des vagues, nous faisant boire des litres d'eau de mer. Arrivés sur la plage, nous avons été récupérés par Munira et Jacob. 10 ans plus tard, nous nous faisons une joie de les retrouver. Nous obtenons des nouvelles de Jacob, qui n'est plus sur l'île, mais nous apprenons que Munira est décédée depuis 3 ans. Une grande claque. Comme quoi en voyage, comme dans la vie, il est bon d'avoir des souhaits , mais pas d'attentes, car elles peuvent parfois être source de grosses déceptions. 
 
À part ça, la côte de Zanzibar n'en finit pas de nous offrir des cartes postales. Mais nous ne voulons pas passer notre vie ici. Nous prenons le bateau à Stone town, le bateau officiel, un relativement gros catamaran, on apprend toujours de ses erreurs de jeunesse, 😁, et après une traversée de 2h, nous voici donc à Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie. Bien que connaissant déjà cette ville tentaculaire,  nous nous y sentons comme un indien dans la ville. Notre bon sens paysan nous recommande de ne pas trop y traîner. Alors, si vous le voulez, grimpez sur notre porte bagage, nous vous emmènerons dans des contrées moins civilisées.
 
Bonus du jour : petit album Zanzibar

 

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Nous aurons une vie longue et magnifique, d'après ces prédicateurs pakistanais en route pour Dar es Salaam à pied (une broutille, ils ont déjà 1000 km dans les pattes après avoir traversé le Kenya, dormant dans les mosquées). Une journée qui commence bien. Après nous être  tapé le cul sur la piste, une petite ville nous offre l'opportunité d'acheter une carte Sim. La boutique vodacom empeste le poisson pourri. Le voisin a dépouillé le fruit de sa pêche sur le pas de porte, et les entrailles ont macéré au soleil. Après plus d'une heure d'essais infructueux, nous repartons bredouilles. Revenir demain, ça fonctionnera..... peut être. Le soleil se couche. Après avoir mangé quelques frites devant un tas de gravier, (no more fish TODAY 🤢), il est plus que temps de dégoter une guest house. Elle est correcte pour le prix, à 5 euros, on ne peut pas demander l'Amérique, malheureusement le ventilateur fait le bruit d'une mobylette. Nous finirons quand même par trouver le sommeil, portés par l'espoir du discours des prédicateurs. Merci à eux. Tout à coup, un autre prédicateur hurle dans un haut parleur, il faut absolument que toute la ville profite de la sainte parole. Il est 4h30 !

 
Il fait chaud dans la plaine, très chaud, prenons la direction des montagnes de Lushoto, connues pour être la petite suisse de la Tanzanie. Le climat y est supposément frais et la flore est beaucoup plus diversifiée, constituée de pins et autres conifères étranges au paysage africain. 
Ami cycliste, nous y sommes, nous confirmons, les montagnes Usumbara sont magnifiques, si tu as envie de rouler sur de petites pistes sans circulation, prépare tes jambes et ton cul. Tu seras grandement recompensé. Les marcheurs ne seront pas en reste, c'est un bel endroit, il y fait frais, voire très frais matin et soir, la population est adorable. Nous passons un col à 2000 m et redescendons par une piste extra, chaotique mais très belle.
 
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Nous avons maintenant un kilomètre sous nos pieds, depuis la falaise d’Irente, près de Lushoto. En contrebas, c'est la steppe des Maasaï, la route de Dar es Saalam et la fournaise que nous avons délaissées. Une bouffée d’air frais à cette altitude. 
 
Le voyage à vélo en Afrique vous apportera assurément beaucoup de bonheur, mais il faut être prêt dans sa tête. 
Accepter de changer ses habitudes, par exemple ses habitudes alimentaires. Pour cela, en Tanzanie, ce n'est pas difficile, on trouve de la cuisine de rue partout, bonne et en principe hygiénique. Et si un jour, vous devez vous contenter de 2 avocats et de quelques noix de cajou, ne faites pas la gueule, les fruits et légumes sont délicieux ici. Et c'est souvent direct du producteur au consommateur. Vive les circuits courts. 
 
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Du fait qu'il est peu probable que  nous les emmenions  en safari, nos chers lecteurs devront se contenter de quelques découvertes sur notre route :
 
Un varan  des steppes. 
C'est par sa longueur, le deuxième, et, par son poids, le plus lourd et grand varan d'Afrique après le varan du Nil.  Il peut atteindre 2 m de long et peser 14 kg. Nous aurions préféré le voir plus en forme, il a visiblement fait une mauvaise rencontre
    
Un caméléon. 
Comme les serpents et les lézards, le caméléon est un reptile. S'il est lent au sol, il est en revanche très à l'aise dans les arbres. Ses pattes équipées de griffes lui servent de pinces pour s'agripper aux branches. De plus, il utilise sa queue comme une cinquième main, l'enroulant autour d'une branche pour bien verrouiller sa position. Il est ainsi très rare de voir un caméléon tomber de son arbre. Alors que nous sommes à l'arrêt pour l'observer cet acrobate, monte sur le vélo , prêt pour partir avec nous. Ce petit malin  veut voyager gratos ! Il nous faut retirer précautionneusement une sacoche arrière pour le libérer 
 
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29 Juin :
 
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20 ans de mariage pile poil aujourd'hui 
"Le mariage ressemble au couple Louis De Funès - Bourvil, le premier savoure le dessert et le second fait la vaisselle." 
Mostefa-khellaf
Punaise, heureusement que ce n'est pas comme ça chez nous ! 
Avez vous remarqué que pour l'occasion, nous avons sorti un tee shirt propre ?
Alors que nous  roulons depuis ce matin sur une piste archi tape cul et archi poussiéreuse,  nous trouvons par hasard un petit hôtel au milieu de rien. Hop, la chance nous sourit, ce sera douche et même petite bouffe et un verre de vin  ce soir, rien d'extraordinaire, mais a t-on besoin d'autre chose ??? 😍❤️❤️
 
À partir d'ici, vous aurez beaucoup moins de photos malheureusement, mais nous allons rester longtemps sans wifi, les photos arriveront plus tard, quand nous rentrons car c est galère et ça prend trop de temps, nous voulons profiter, loin d internet et tous ces trucs toxiques . Mais pas de souci, tout baigne, si j'ose dire 😂😂😂, car nous sommes bien loin de l'ambiance zanzibarite, nous sommes dans l'Afrique profonde, celle où il n'y a pas forcément de douche, celle qui n'a pas été polluée par le tourisme, celle que l'on aime. Portez vous bien
 
3 juillet
 La chance sourit encore aux chanceux ! 
Alors que nous prenons un thé à l'ombre, il nous aborde, nous sympathisons, et il finit par nous inviter chez lui. Après avoir poussé les vélos 3 km dans le sable, nous y sommes. Nous allons saluer son père, Reson zakadio, 3 femmes, 18 enfants, 400 vaches, quelques dizaines de chèvres.  Arrivent 2 grands bols de lait, juste tiré de la vache. Heureusement pas mélangé avec du sang à peine sorti de la carotide de la dite vache. C'est le repas du soir, très gentil, mais c'est mal connaître l'appétit des cyclistes. Une fois dans la tente, nous nous tapons un avocat et des chapatis sortis des sacoches,  sans scrupules, les Maasaï ne mangent ni légume ni chapatis.
 
Après une bonne nuit, bien gardés par l'âne gris, nous allons saluer le papa, faisons le plein d'eau, et c'est reparti pour une belle journée. La piste est truffée de merdes d'éléphant, des fraîches, des sèches, j'en choisis une, mi fraîche mi sèche pour la photo :
 
 
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Il est vendu en magasins, servi dans les restaurants sud-africains et fait son entrée sur les marchés européens. On le dit délicieux, fumé à souhait avec des pointes de bois et de terre. Il s’appelle Indlovu et a remporté la double médaille d’or aux Craft Awards d’Afrique du Sud. Et pourtant, ce gin est fabriqué avec un ingrédient improbable : des excréments d’éléphant.

 En apprenant que seuls 30 % des fruits, des noix, des feuilles et des écorces ingérés par les bestiaux étaient digérés et qu’ils laissaient des plantes savoureuses dans leurs mottes de merde, un couple de sud africains s'est lancé. Après moult expériences foireuses, les Asley ont réussi à créer un produit d’exception plébiscité par les connaisseurs. "Si vous devez faire du gin à partir de la merde, disent-ils, vous ne pouvez pas faire un gin de merde !"
 
Vous connaissiez ? Prêts à goûter ? Méfiez-vous si vous êtes invités à boire l'apéro chez nous 😂
 
Oyez Oyez braves gens, 8 juillet, tour du Kili terminé 
Après avoir longé les montagnes Pale par une piste bien tape cul mais bien sympa, nous voici sur la route nationale, pas cool, car quasi pas de bande de roulement pour les 2 roues, les camions roulent comme des cons. Pas mécontents de la quitter pour faire le tour du Kilimandjaro. Ç'en est fini avec le fort trafic, ouf.  Vous savez quoi ? Et bien, cela va vous étonner, mais nous n' avons pas chaud du tout, il fait même froid, vers les 13, 15 degrés en pleine journée, surtout lors de passages à des points hauts (2000 m environ). En fait, en 2012, nous avons déjà fait ce tour, mais en le faisant dans l'autre sens, nous voyons les choses assez différemment, d'autant plus que nous ne faisons pas étape aux mêmes endroits. La constante, c'est que bien que nous tournons autour du Kilimandjaro, il ne se montre pratiquement jamais, à peine un peu le matin, et il s'enveloppe vite de nuages. En arrivant à Kamwanga frigorifiés, c'est chez le curé que nous nous faisons héberger. Daniel, 32 ans, est un type vraiment sympa, il se met en 4 pour nous. Il vit dans une belle maison juxtaposée à l'église, il a une servante, roule en 4 x 4, a un tracteur tout neuf pour la petite exploitation dont s'occupent quelques subalternes, il ne manque de rien. Curé semble être un bon job dans ces contrées. Il ne nous demande même pas d'aller à la messe et ne parle pas religion, mais plutôt de l'aide qu'il apporte aux locaux. Bien sûr, il prêche pour sa paroisse, mais s'occupe aussi bien des convertis au catholicisme que des autres, semble t il... 
Il nous recommande auprès de son collègue du village suivant,  entre temps, il nous faut traverser un corridor à animaux sauvages sur 8 km nous faisons fissa, en regardant bien de toutes part, pour ne pas être surpris si on voit débouler sur la piste un éléphants ou un buffle. On n'en voit pas, en général, c'est surtout la nuit que les animaux se déplacent. 
L'étape est courte, du coup, nous sommes à Elduinet vers midi, le curé n'est pas là mais la servante nous a préparé un bon repas. Nous sommes "comme des papes". Ce curé là est super sympa aussi, la baraque est immense et neuve, tout comme l'église et le 4 x 4, on se demande d'où leur arrive tout ce pognon... 
 
Le lendemain, nous plantons la tente dans une ferme tenue par des allemands, c'est chouette, nous avons vu sur le mont Merou qui lui est en Tanzanie. En fait, voilà un certain nombre de km que nous longeons vraiment le Kenya, les habitants des 2 pays passent la frontière à l'aise, sans papiers, ce n'est pas un problème. La déforestation va bon train dans le coin, les femmes trimballant le bois dans leur dos. C'est rare de voir un homme trimballer quelque chose en Afrique sans aide d'un vélo, d'une mobylette... S'ensuit une belle descente sur du goudron mais assez vite, nous voilà à nouveau sur la piste. Une piste improbable sur laquelle il n'y a ni vrai village, mais on sent la présence humaine car parfois on voit du monde sortir du taillis, quelques bergers. On en croise un, un Massaï avec 3 chèvres faméliques. Il nous dit qu'il a faim, nous partageons nos chapatis, il est ravi, manifestement il avait un petit creux. Nous ne donnons jamais d'argent, mais ne refusons jamais de la nourriture à quelqu'un qui a faim. Par contre, nous n'aimons pas nous faire rouler. Cela nous est justement arrivé hier. Nous prenons un thé, c'est sacré le thé de 11 h du matin, quand on en trouve ! Et là le thé nous est facturé le double du prix Cela représente fifrelot, mais on déteste être pris pour des porte monnaie sur patte, voire des benêts. On s'embrouille avec le taulier, refusons de payer le prix annoncé et payons le juste prix, sous l'œil amusé des autres consommateurs. Finalement c'est le serveur qui est pris pour un con, cela nous fait bien rire, il en faut peu, en tout cas, cela lui servira peut-être de leçon pour les prochains Muzungu (les blancs) 
 
 
Mais revenons à nos moutons. Se pose maintenant un dilemme. Soit nous forçons comme des malades sur la piste chaotique pendant 30 bornes pour sortir de cette zone fortement habitée d'animaux sauvages, soit nous nous posons là, près des rangers. Nous faisons le choix de rester en lieu sûr pour la nuit. Les rangers ne nous font aucune difficulté pour traverser une partie du parc le lendemain (Elduinet) , nous roulons au milieu de girafes, impalas .... Festival. En réalité, nous n'avions pas fait gaffe au fait qu il nous faudrait passer dans le parc d'Enduinet, nous pensions le longer. Mais puisque vous lisez cela, c'est que nous n'avons pas fait de méchante rencontre, bien au contraire. Suite au prochain épisode des "Roulmaloute en Afrique", les anciens verront peut-être le parallèle avec "les Mahuzier en Afrique
 
Mais contrairement aux Mahuzier, nous ne sommes pas motorisés. Voici une journée type : Rouler, s'arrêter pour boire un thé, rouler, s'arrêter pour le repas de midi, plus ou moins longtemps selon la température, rouler.  Chercher une guest house, ou poser nos 2 mètres carrés habitables pour la nuit et recommencer.
Et toujours  "pole pole" qui veut dire "doucement doucement". Pas de stress inutile. Elle n'est pas belle la vie ? 
 
Après cette nuit en camping à l'entrée du parc Enduinet, dans la poussière, avec un verre d'eau pour nous laver, mais avec les girafes en fond d'écran, nous voici revenus à la civilisation. Deux nuits dans une petite guest house qui a un projet sympa pour aider les femmes Maasaï. 1er arrêt depuis notre départ, on en a besoin. 
 
Et là, tadam, on va vivre un truc de fous... Un barbecue Maasaï. Inoubliable 
Récit la prochaine fois, j ai assez tchatché aujourd'hui. La bise.
 
11 juillet 
 Vous n'imaginez pas le nombre de portes qu'ouvre le fait de voyager à vélo. Là, par exemple, nous circulons sur une petite piste, et nous sommes hélés par un groupe de Massaï. Ils préparent un gigantesque barbecue pour une cérémonie. Est ce qu'on veut être de la partie ? Bien sûr ! On a l'air fins en cuissards au milieu de ces gens parés de leurs plus beaux atours, mais ces 4 heures passées en leur compagnie resteront gravées à tout jamais dans notre cœur. Du coup, l'étape du jour sera courte, mais qu'importe, nous ne sommes pas là pour bouffer du km, mais bien pour vivre des moments magiques !
 
Légende des photos, à vous de les identifier : 
 nous arrivons, Bru n'a pas pris le temps de retirer son casque
 on va se régaler
 tout le monde attend patiemment que la viande soit cuite
 le maître de cérémonie
 E. T pose avec le père du maître de cérémonie
 les femmes arrivent par groupes d'un peu partout
 il est de bon ton d'arriver avec un cadeau, mouton, chèvre...Nous n'avons que notre sourire
regardez ces beautées
 pas mort pour rien
 
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18 juillet, le temps passe vite, c'est fou, je suis un peu à la ramasse pour alimenter ce blog, nos journées sont bien occupées
 
À partir de Longido, nous partons réaliser un rêve, un rêve auquel nous avions renoncé en 2012 car nous étions en vélo couché. En effet, nous partons pour 300 km de pistes très difficiles, des pistes accessibles seulement au 4 x 4 pour voir le volcan sacré des Maasaï et le fameux lac Natron. Nous ne sommes plus tout à fait des novices, nous savons que là où passe le 4 x 4, nous pouvons passer aussi, il nous faudra juste beaucoup de temps. La 1ère étape ne pose pas de problème, 55 km, pas trop de dénivelé, nous arrivons à Kitumbeine où le propriétaire de la Guest House est au courant de notre arrivée par un motocycliste qui nous a doublé. Super accueil, c'est clean et confort, nous restons 2 nuits car nous avons du boulot. En effet, nous devons  préparer sérieusement cet itinéraire, pour bien repérer où on peut trouver à manger et surtout les points d'eau. En fin d'après midi, nous partons faire une balade à pied d'une dizaine de km avec Ruero pour approcher des girafes. On en voit 3, et à distance, une broutille par rapport à ce que nous allons voir les jours suivants... 
Le jour d'après, toujours pas de voiture sur cette mauvaise piste, juste des motos qui nous demandent systématiquement si nous avons besoin de quelque chose. À Gelai bompa, appelé aussi Marugoi, nous lambinons au marché Maasaï qui est assez hallucinant. Tout ce monde étrange en vêtements traditionnels qui nous observe. Pas question de faire des photos, j'en fais quelques unes, discrètement,  et j'en fais 2 ou 3 avec des Maasaï qui acceptent. Cool. 
Nuit dans une mission manifestement à l'abandon. Un gars sympa occupe les lieux avec sa fille, il nous autorise à mettre la tente sous la véranda. Nous cuisinons nos traditionnelles pâtes sauce tomate et passons une bonne nuit. 
Le lendemain, nous prenons les choses un peu à la légère, il n'y a que 38 km à faire pour trouver de l'eau et un camping décent. C'est sans compter sur le vent débile que nous avons de face. 
 
Dans cette ambiance aride et sauvage, nous nous  frayons un chemin loin du monde, au cœur d’un autre monde. Tout à coup, alors que nous arrivons sur une petite bosse, la montagne d’Ol Doinyo Lengaï apparaît. Du haut de ses 2878 m, la montagne des Maasaï se détache majestueusement d'un paysage austère. Nous sommes très émus, cela fait des années que nous voulions le voir. Vite, une photo au retardateur, sans traîner car il y a beaucoup de vent et de poussière en suspension dans l'air. Ce n'est que le soir que je m'aperçois que nous lui volons la vedette !
 
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Le volcan Lengaï, « La Montagne de Dieu », en langue maasaï  est d’une importance capitale pour la population qui vient régulièrement y faire des pèlerinages, sacrifier des bêtes pour invoquer les dieux et demander des pluies salvatrices, des sols fertiles pour le bétail, une progéniture nombreuse et la paix entre les villages. Ce volcan est  l’un des plus jeunes d’Afrique de l’Est et peut-être le plus actif. La lave est très fluide et composée en particulier de carbonate de sodium. Dans les heures suivant sa sortie à l’air libre, elle se solidifie en prenant une couleur blanche, ce qui, de loin, donne l’impression que le volcan est enneigé. La dernière éruption date de 2013. Malgré ce calme relatif, le Lengaï peut s’embraser à tout moment, conférant un aspect encore plus fascinant à cette région. 
 

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Puis alors que nous roulons péniblement, il est là qui court devant nous. Un jeune maassaï, 12 ou 13 ans. Nous comprenons que nous allons au même endroit, soit encore 34 km ! Son bâton à la main, ses sandales faites en pneu aux pieds, il n'a rien à boire ni à manger. Tous les 5 km environ, nous l'attendons à l'ombre et le ravitaillons, un peu d'eau, un bonbon, il accepte tout. Un petit pique nique sous un acacia le requinque un peu. L'heure tourne, il reste 15 km de piste merdique, nous sommes un peu juste en eau pour passer la nuit into the wild, alors nous l'abandonnons avec un dernier bonbon. Nous sommes un peu mal à l'aise, devra t il passer la nuit au pied d'un arbre, mais lui, il rigole. Le lendemain matin, en présentant sa photo aux villageois, nous demandons si quelqu'un le connaît... Oui, il est arrivé à bon port hier soir à la tombée de la nuit. Nous cherchons à le revoir, trop tard, il a déjà trouvé un emploi de gardien de troupeau, il est parti on ne sait où avec une vingtaine de chèvres. On ne sait pas s'il nous oubliera vite, moi je garderai longtemps en tête la dernière vision que j'ai eue de lui dans mon rétroviseur. Il était hilare et agitait sa petite main en criant "achenali" (merci). Que d'émotions ! 
 
Nous voici donc arrivés à bon port, au péage qui donne l'accès à la région du lac Natron. Il est tard, presque 17 h, et en avons vraiment chié sur cette piste de sable. Quand le ranger nous annonce qu'il nous faut débourser 42 dollars de taxes par personne, cela nous met légèrement les nerfs. Alors quand il dit que c'est par jour, on a failli tomber à la renverse . Pas question, je lui annonce que vue l'heure, nous allons poser la tente devant sa porte, cela fera un jour d'économisé. Là, il s'aperçoit que nous sommes en vélo et c'est lui qui a failli tomber à la renverse. Il n'a jamais vu quelqu'un arriver ici en vélo. Du coup, il nous dit qu'exceptionnellement, il nous permet de rester 2 nuits pour le prix d'une. Trop bien. Je profite de ses largesses pour tenter un "et si on se plaît tellement dans le coin qu'on reste 3 nuits ?". À notre grande surprise, après avoir dit qu'on le tuait, il donne son aval. Putain, un coup de maître. C'est donc tout guillerets que nous avalons encore 1,7 km de sable profond pour arriver au" Maasaï girafe camp " tenu par Ingrid et son mari Maasaï Lepata, nous y passerons un séjour au top. Le 1er jour sommes bien occupés par la lessive, tous nos vêtements sont archi crados, nous avons avalé de la poussière comme jamais. Par chance, les conducteurs de 4 x 4 ou autre engin motorisé se sont montrés assez fair-play et ont ralenti en nous voyant. L'après-midi, allons faire un tour et voyons pas mal de girafes, on arrive à en approcher quelques unes relativement près. C'est magnifique une girafe, et tellement gracieux. Au camp, Ingrid nous annonce qu'elle a prévu une soirée Maasaï, c'est sympa, mais c'est un spectacle bien léché pour touristes, ce n'est pas ce que nous recherchons. Nous, ce que nous voulons, c'est la vraie vie, sans artifices et avec du vrai maasai qui sent la chèvre, nous serons servis quelques jours plus tard, mais n'anticipons pas... Au camp, nous trouvons quelques voyageurs bien sympa, un groupe d'allemands qui a marché 5 jours, et Chaichin, de Singapour qui voyage avec un chauffeur, Saba, un cuisinier, Stefan, et 'Miraji , qui vient de monter sa petite agence de voyage. Nous copinons avec eux et rendez vous est pris pour des retrouvailles dans une semaine. 
Le lendemain, en route pour le lac Natron, à pied depuis notre camp. Normalement, il faut un guide, payant bien sûr pour nous déplacer ! Ils sont dingues ou quoi ? Payer pour être escortés par un guide Maasaï qui manie sans doute plusieurs langues et qui le soir posera sa tenue pour marcher en baskets et pantalon. Nous refusons, pas tant pour ne pas payer, nous comprenons qu'ils ont besoin d'argent, mais pour refuser la folklorisation qui est faite autour de ce peuple. Ces attractions touristiques nuisent au tourisme individuel en empêchant toute relation non mercantile. À peine partis, devant nous,  la tête tachetée d’une girafe et ses longues oreilles apparaissent au-dessus des branches d'acacias, tandis que trois autres la suivent. Pendant ce temps, dans les arbres chantent des oiseaux. Pourquoi se réfugie t on si souvent derrière nos écrans alors que la nature a tant à nous apporter ? Chemin faisant, nous rencontrons des jeunes femmes Maasaï qui vont  vendre des babioles aux touristes. Nous mettons tout de suite les choses au clair avec elles, nous sommes des voyageurs à vélo, des "broken tourists" (des touristes fauchés), ça les fait marrer, d'abord Grace qui parle assez bien anglais et qui traduit à Maria, sa belle mère Après avoir exploré un peu le coin à la recherche de quelques zèbres et flamants roses pendant qu'elles font leur petit commerce, nous les récupérons pour aller gueuletoner "au village", au prix d' un sacré détour. Nous profitons de l'ombre bienfaitrice de ce restau étoilé, Grace travaille sur la ceinture de perles qu'elle est entrain de terminer. Le retour s'avère difficile, nous pensions être  devenus résistants au sable et à la poussière, mais là nous peinons vraiment, la plaine est battue par un vent puissant et chaud. 
Bilan des courses : une bien belle journée avec Maria et Grace, enceinte de 6 mois qui a parcouru gaillardement  15 km dans le sable. Quant à moi, je trimballe maintenant une magnifique calebasse, elles ont dû y stocker du lait, elle pue horriblement, mais grâce à ça, chaque fois que j'ouvre la sacoche gauche, je pense à vous les filles ! 
 
 Près du lac, nous marchons sur une croûte friable de soude. Cet étrange lac est alimenté par les eaux qui descendent des contreforts de la vallée du Rift et par les eaux de ruissellement descendant du volcan Lengaï, chargées de soude, de soufre et de calcium. Le lac de 58 km de long et 22 km de large est très peu profond, 3 m au maximum, son évaporation est intense, ce qui en augmente encore la concentration en soude. Son PH est supérieur à 10. Vous tombez là dedans et vous voilà transformés en momies. Cependant, certains poissons et micro-organismes parviennent à survivre dans cette eau, à la plus grande surprise des chercheurs. 
Si les alentours sont assez spectaculaires, le lac lui même ne nous laissera pas de souvenir impérissable. Est parceque la lumière n'est pas bonne ? Parceque les flamands roses ne sont pas si nombreux que nous l'avions imaginé ? 
Est ce parceque la réalisation de  projets, surtout lorsqu’ils sont un peu fous, induit  une forme de tristesse, car un beau rêve s’est évaporé en devenant réalité ? La conjugaison de tout cela sans doute. 
Honnêtement, c'était un peu fou de faire ça, nous avons souffert pour arriver là, rouler dans un vent permanent et des immensités arides, se taper le cul sur une mauvaise piste, c'est dûr. 
Mais nous sommes très heureux de l'avoir fait car renoncer aurait entraîné une frustration, et l’on se se serait toujours reprochés de ne pas avoir osé ! 
 
Repartir du lac Natron n' est pas une mince affaire, car nous savons à peu près ce qui nous attend, en tout cas sur 20 kms, c'est un AR obligatoire, pour la suite, c'est l'inconnu car nous allons en direction de Mto WA mbu, au sud, alors que nous sommes arrivés par Longido, à l'est, . Un jeune rencontré au village nous file le téléphone d'un gars qui fait des transferts de passagers avec son 4x4. Cela nous tire une sacré épine du pied car nous évite de refaire à vélo les derniers 20 km  absolument atroces que nous avons fait à notre arrivée à Engaserero. Mais à partir de l'endroit où il nous lâche, c'est très très galère aussi à cause du sable profond. Par contre, nous en prenons plein les mirettes, d'abord avec le cratère Noongishu, très impressionnant, et où nous faisons la connaissance de Sara, une femme maasai très gentille qui s'est déplacée depuis sa boma pour venir vendre quelques babioles à quelque potentiel touriste. Mais le peu de voitures qui passent le font pied au plancher, personne ne s'arrête. 
Peu après, nous refaisons une pause car nous apercevons des girafes. Un festival de girafes, 11 ! Nous réussissons à les approcher un peu et ce moment est d'autant plus magique qu'arrivent vers nous une bande de petits bergers et bergères. Ils ont abandonné leur troupeau pour venir nous voir. Nous voyons leurs vaches passer au loin, en file indienne, soulevant de grands nuages de poussière. Ces moments là en voyage n'ont pas de prix. Nous roulons un peu, cet quand il commence à faire bien chaud, un arbre bienvenu nous accueille pour un petit picnic. Nous avalons plus d'un litre de café au lait froid, c'est notre dope. Nous avançons maintenant nez au vent, mais Bruno a une roue qui lui joue des tours. Voyant quelques maisons de terre au loin, nous nous en approchons, entre 1 et 2 km de poussage dans du sable profond, sans piste. 
 
 
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J'irai dormir chez vous, ou passer une nuit dans une boma (ensemble de maisons appartenant à une famille Maasaï) 
Je ne sais pas dire "la roue est crevée , puis je la réparer chez vous ? " mais je connais une phrase magique : 
"Enaouesa ouéka tent yangu apa ?" (puis je planter la tente chez vous pour la nuit ? ). Si la réponse est "apana", c'est non. Ils ont répondu "Yo". Vit ici le patriarche, Josi, 67 ans, 3 femmes, la dernière Yos a 25 ans (Josi et Yos photo2).  3 des enfants (adultes) vivent ici aussi avec leur famille. L'un d'eux c'est Isaac, il est charpentier, quand nous arrivons, il scie du bois, quand nous nous couchons , il arrête de scier du bois, mais quand nous nous levons, il est déjà entrain de scier du bois ! Isaac est le seul de la fratrie à être allé à l'école, il se débrouille pas mal en anglais,  très drôle aussi, il s'intéresse à l'actualité et peut vous citer pas mal de présidents d'Europe. D''ailleurs, quand nous lui donnons notre nationalité, il dégaine "ah oui,  votre président c'est Emmanuel !" Nous passons la soirée à rigoler avec la fine équipe, ils sont complètement fascinés par notre équipement et ne perdent pas une miette de la réparation d'une crevaison, du montage de la tente à la préparation des spaghettis, qu'ils ne veulent même pas goûter. Ils ont tort, 500 g de spaghettis cuits dans une petite casserole et moins d'un litre d'eau, c'est quand même vachement bon ! Nous voyons peu les femmes, sauf quand elles rentrent de la corvée d'eau avec les ânes, d'ailleurs elles nous apportent une bassine d'eau pour nous laver, serions nous sales ? La nuit est parfaite, très calme. Alors que le jour commence à poindre, j'entends les clochettes des moutons, je me lève pour assister à la traite, trop tard, la jeune Yos a déjà terminé ! 
Les femmes triment beaucoup en Afrique. 
Les femmes Maasaï n'échappent pas à la règle, pourtant elles semblent heureuses...Elles n'ont pas de problème non plus pour accepter les autres femmes de leur mari, en tout cas, apparemment, tout le monde semble vivre en belle harmonie.
 
 
 Nous repartons le lendemain matin sur notre chemin de croix, mais les rencontres merveilleuses que nous faisons nous aident à faire passer la pilule, et croyez bien que nous ne laisserons notre place pour rien au monde ! À Engaruka, une guest house sympa nous permet de refaire surface, car nous arrivons dans un état indescriptible, couverts de poussière des pieds à la tête. Les vélos ont pas mal souffert aussi, mais Bruno copine avec un jeune qui les lui lave. La suite du parcours devient meilleure à partir d'un patelin appelé Selela, mais nous sommes soulagés d'arriver à Mto WA Mbu, début du goudron. Nos corps nous haïssent ! Un petit hôtel camping bien sympa fait l'affaire en marchandant sévère, les prix dégringolent, et on s'en tire plutôt bien. C'est un endroit touristique, très bien situé, car aux portes du lac Manyara et du si célèbre cratère du Ngorongoro, si connu pour ses safaris. Alors que nous trainons un peu en ville, sommes de suite repérés par Stefano, connu au lac Natron. En compagnie de Miraji et Stefano, buvons quelques bières  et le lendemain soir faisons un gueuleton ! Là, nous avons un message d'Anne et Philippe qui nous fait trop plaisir : ils sont prêts à faire 90 bornes pour venir nous retrouver ! Chouette. Nous nous retrouvons sur un parking à Nanyuki, à une trentaine de km de Mto WA mbu. Ce couple rencontré en Namibie l'an dernier est vraiment sympa, ils voyagent en Afrique dans leur Defender. Nous n'avons passé que quelques jours avec eux, mais quand noun nous revoyons, nous avons l'impression d'être de vieux amis. Anne et Philippe arrivent avec de la langouste, vous imaginez, de la langouste fraîchement pêchée car ils arrivent de la côte. Avec une salade et une bouteille de vin blanc, nous avons festoyé très gaiement. 
Puis, nos chemins se séparent à nouveau puisqu'ils vont plein nord et nous plein sud. 
Arrivés à proximité de l'entrée du parc de Tarangire, nous faisons notre traditionnel arrêt pour le thé ou café de 11 h, avec l'intention de continuer. Mais voilà que nous rencontrons Antonio qui réussit à nous convaincre de rester là et de nous faire visiter le parc le lendemain. Antonio a sa propre voiture, un copain fait le chauffeur et ainsi, ils font tourner leur petit business... Petit le business, car peu de voyageurs solo ou roots en Tanzanie, la plupart passent par de grosses agences et se trimballent en gros 4 x 4, parfois à 2 ou 3, une catastrophe écologique, mais ici, tout le monde s'en fout.... Parlez leur écologie et vous aurez le même effet qu'en parlant mécanique quantique avec des poissons rouges. Nous voici donc partis dans notre petite voiture avec Manoni, et c'est très amusant de voir la réaction des autres touristes, ils aiment trop notre petite voiture. 
 
 
 Le parc abrite une grosse population d'éléphants, nous verrons aussi girafes, lionnes dans les arbres, et apercevons un léopard qui fait la sieste. Le léopard est un animal très timide et difficile à voir. Sommes satisfaits, c'était une bonne journée avec Manoni, le pic nic a été très mouvementé, les singes sautaient sur les victuailles, ils ont l'air d'aimer les pizzas, nous avions des avocats et des tomates et ils nous ont foutu la paix. En toute honnêteté, c'est chouette un safari, mais cela ne vaut pas une rencontre fortuite avec un animal sauvage quand vous êtes sur votre vélo. 
 
Repartis du parc, nous observons attentivement la carte et décidons de partir au pied du mont Hannang. Nous visons donc la petite ville de Katesh par un beau goudron bien lisse. Mais arrivées en altitude, on a eu froid, genre 12 degrés le matin, et même un peu de bruine. Nous faisons les paresseux en prenant un jour de congé. Bien nous en a pris car la suite du parcours s'est avérée bien plus difficile que ce que nous avions imaginé. Up and down incessants, caillasse ou sable ou les deux. Nos corps nous haïssent. Les nuits se passent bien entendu sous tente, dans des lieux 'as forcément follichons car il y a dus épineux partout, nous sommes obligés de camper dans des villages, ç est un peu le bordel. La population est adorable en revanche. 
 
Entre le bœuf et l'âne gris
Quand nous voyageons en vélo, nous sommes parfois vulnérables, et dans des situations demandantes. Ce soir là, nous sommes en plein bush, le sol est couvert d'épineux et ne présente pas d'endroit plat pour camper. Nous avisons une maison  isolée un peu à l'écart de la piste. Rihanna vit là avec son fils et sa fille. Hamed nous balaie de suite un coin de la cour et nous  déballons nos 2 mètres carrés habitables sous 3 paires d'eux incrédules. Le repas du soir est un fiasco total, les pâtes ont accroché au fond de la gamelle, nous nous abstenons de leur en proposer. À peine la gamelle vidée, Rihanna s'en empare pour la laver (sous nos yeux médusés) dans la bassine où les poules viennent boire une eau noire et chargée de toutes sortes de choses. Cela ne nous empêche pas de dormir, jusqu'au moment où l'âne vient se frotter contre la toile de tente. Quand il cherche à grimper dessus, je pousse un cri et c'est la petite Salma qui vient éloigner cet envahissant bourricot. Dès patron minet, Rihanna lance quelques coups de fil en rigolant. Il s'ensuit un défilé de personnes des alentours venus assister au lever des mzungus. Et les photographier sous toutes les coutures.
Nous sommes les stars du jour, yessssss
 
Cahin caha,  nos montures  nous déposent à  Kondoa. Coup de fil à Victor qui est censé nous loger,  mais comme il n'est pas foutu de nous donner son adresse et qu'il ne comprend pas où nous sommes, ce con nous fait faire 15 fois le tour de la ville. En réalité, nous nous sommes arrêtés dans cette ville il y a dix ans,  nous arrivions du sud,  et n'en avions gardé aucun souvenir, ça fait l'occasion de la revisiter. Comme toutes les petites villes du Tanzanie,  il n'y a pas grand chose à visiter. Pour nous, ces arrêts nous permettent de nous laver,  de laver nos frusques,  jamais nous n'avons été aussi sales et poussiéreux que cetta année. Et de dormir dans un bon lit. Chez Victor, nous sommes vraiment à l'aise. Merci. Il est gentil ce gars, mais trouillard. Lorsque nous le quittons, il est inquiet, car il ne veut pas nous savoir dormir n'importe où, dans notre tente. Alors, à partir de Kondoa, nous aurons un message tous les jours pour être certain que nous sommes toujours là et en bonne santé, ça nous fait rire, mais c'est un peu chiant à la longue d'avoir à répondre !
 
La mauvaise surprise, c'est que la piste est épouvantable, surtout les 50 premières bornes. De plus, nous la pensions quasi plate, elle ne fait que des up and down. Nous avons perdu l'habitude de demander aux africains si la route monte ou descend, car poeur eux, elle est toujours plate... Parfois nous l'etudions un peu en avance avec le gps. On ne peut pas trop se plaindre car il ne fait pas chaud, nous roulons d'ailleurs souvent manches longues.
 
La bonne surprise, c'est qu'au bout de 2 jours, nous trouvons déjà un logement en dur. Et, incroyable mais vrai, à Kiteto (Kibaya), il y a un genre de motel très confortable à l'entrée de la ville. Sans dout le meilleur hébergement que nous ayons jamais trouvé en Afrique : nickel, lit confortable, tout est propre, le carrelage bien posé, la douche fonctionne et elle est chaude, l'électricité fonctionne, les prises fonctionnent, les toilettes ne fuient pas et ne puent pas, du jamais vi... Et pourtant nous sommes dans la Tanzanie profonde, les touristes ne passent pas par cette route. La petite ville attenant est plutôt sympa, nous allons y faire le repas de midi une fois la lessive terminée. Viande au barbecue au menu, vendue au kilo et grillée sous nos yeux. Le soir, nous nous faisons une bonne salade d'avocats et tomates achetés au marché et un ananas archi délicieux. Si vous aimez l'ananas, venez en Tanzanie, vous ne serez pas déçus. Maintenant, nous avons un autre message par jour, c'est une femme prof d'anglais. Elle vend des légumes au marché en plus de son boulot pour arrondit les fins de moi. Son mari est routier, ils ont 3 filles. Nous avons dormi dans sa cour l'autre soir, et au petit matin, elle nous a fait un petit déjeuner royal que nous avons pris tous ensemble. L'hospitalité africaine...
 
Et puis, un jour, alors que nous prenons notre habituel café ou thé de 11 h dans une gargote, voilà des blancs qui passent. Cela fait des lustres que nous n'avons pas vu de blancs.  Daniela et Marco nous ont vus aussi et entrent, avec un maasai et nous racontent ce qu'ils font là. Nous sommes invités à nous arrêter au village, c'est sur notre route. Ils viennent souvent en Tanzanie pour aider une communauté Maasaï, dont la famille d'un jeune, Sarouni, qu'ils ont rencontré il y a une dizaine d'années. Une grande leçon de générosité, c'est avec leurs propres deniers qu'ils financent de gros travaux, forage, construction d'école, dispensaire, et bien d'autres choses. En plus de son travail, Daniela réalise des sacs, des bijoux et différents vêtements qu'elle vend sur les marchés. Nous passons une soirée avec eux (pasta party obligatoire 😂, ils sont italiens... ) autour du feu, tous ensemble avec la famille de Sarouni, mais pas les femmes maasai qui ne peuvent pas manger avec les hommes. Du coup, nous dormons sur place, Daniela et marco se sont fait construire un deux pièces en dur, mais sans commodité, ni toilettes, ni salle de bains.  Le lendemain nous partons au marché aux animaux, Sarouni cherche à acheter une chèvre blanche avec une tache noire sur un œil. C'est un cadeau des enfants de Daniela et Marco. Aucune ne remplissant le cahier des charges, nous rentrons bredouilles. Nous sommes très heureux d'avoir rencontré ces gens au grand cœur, merci à eux pour tout !
 
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Voyager en vélo suscite parfois l'incompréhension. On nous demande régulièrement : "mais pourquoi vous vous embêtez à voyager à vélo ? Qu'avez vous à prouver (sous entendu : à votre âge) ?" Nous n'avons rien à prouver, nous avons juste besoin de calme, faire une pause dans une vie trépidante et revenir aux basiques : rouler dans la beauté, trouver de l'eau, de quoi manger. Au bout de 3 jours de cette vie là,  vous savez où est l'essentiel.
 
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 À côté d'eux, je me sens très petite, petite dans tous les sens du terme. Les Maasaï peuvent marcher des dizaines de km sans boire ni manger, chaussés de leurs sandales en pneus.
Les Maasaï sont joyeux : joie d'être en vie, de pouvoir se nourrir, de pouvoir partager les épreuves et les réjouissances. Ils ont une très bonne connaissance de la nature et des animaux et n'ont pas peur des grands fauves. La mise à mort d'un lion au cours d'un rite appeléOlamayio représentatit traditionnellement l'acte de bravoure ultime, et conférait gloire et prestige au chasseur qui n'avait qu'une lance et ses mains ! Ce temps est désormais révolu , les Maasaï sont régulièrement expulsés de leurs terresancestrales pour faire place à des réserves privées destinées aux safaris. Bien pire encore, au mois de juin, des dizaines de familles ont été expulsées pour créer .....une réserve de chasse. C'est la triste réalité les amis, une poignée de funestes individus, qui, pour assouvir leur plaisir de tuer, se rendent jusqu'en Afrique pour tirer sur de belles pièces et participer à l'expulsion d'une population. La probabilité que les Massaï perdent ainsi leur culture est grande, bien évidemment.
 
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Nous ne nous considérons pas comme des cyclistes mais plutôt comme des voyageurs. Nous aimons nous arrêter souvent et passer du temps avec les gens que nous rencontrons. Rien n'est plus important que de garder son cœur et son esprit ouvert, au delà de ses propres croyances et préjugés. Arriver à se connecter aux autres permet aussi de se sentir plus heureux, voilà ce que nous avons constaté au fil de nos voyages. Comme vous le voyez sur cette photo, tout le monde est content de rencontrer "l'autre", celui qui est différent, celui qui crée la surprise.
Eh regardez, un Muzungu sur un vélo ! Chaque fois que nous sommes près d'une école nous entendons ces voix. Ils sont 2, 3, 10 et parfois beaucoup plus. Alors, ils se mettent à courir, apparaissant de toutes parts en riant. D'où viens tu Muzungu ? Qu'as tu dans tes bagages ? Je peux toucher tes cheveux....? En Tanzanie, les enfants sont curieux mais très respectueux. Nous n'avons jamais de discipline à faire, ils ne touchent jamais le vélo, ne tirent jamais sur les sacoches, un vrai bonheur de papoter et rigoler avec eux. Nous sommes décidément raides dingues amoureux de ce pays.😍
 
Il y a différentes façons de voyager. L'une consiste à être méfiant vis à vis des autres, et donc de les éviter. Et puis, il y en a une autre, qui consiste à être ouverts aux autres et échanger avec eux. Discuter de notre vie, de la leur, éventuellement prêter notre vélo ou donner un coup de main. 
L'empathie et le partage sont de vraies sources de bonheur. Faites plaisir à quelqu'un un jour, et le lendemain c'est un autre qui vous fait plaisir. Voilà quelque chose que nous avons appris au cours de nos voyages. Essayez vous même et voyez ce qui se passe, il se peut que cela en vaille la peine.
Ici, nous faisons essayer un vélo à un gamin qui n'a qu'un vélo en bois :
 
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Dormir au village vous réserve parfois des surprises.
 
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Ces petites se montrent très intéressées par la préparation du repas. Pendant un moment, nous ne les voyons plus, et pour cause, elles se sont discrètement glissées dans notre tente.
 
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Le matin, leur maman nous prépare un super petit déjeuner, nous n'osons pas lui dire que nous l'avons déjà pris. Bilan des courses : nous reprenons un petit déjeuner en famille !
 
Depuis plusieurs jours, nous avons Kiberashi en ligne de mire. C'est un patelin au milieu de rien. Daniela nous a informé qu'une guest house était ouverte depuis peu. En effet, la petite colline qui y mène est vite avalée, nous voici au propre avec moustiquaire et eau courante, c'est déjà ça. À la recherche de nourriture maintenant. La nourriture n'est pas une obsession en temps normal, mais sur les pistes africaines, elle le devient. Oh joie, au centre du village, la formule qui nous est devenue plutôt familière, le boucher qui vent la viande au kilo, et attenant, le boui boui qui te la fait cuire. C'est parti pour un demi kg , avec une poignée d'épinards.....Que la fête commence. Nous reviendrons ce soir, promis, et même demain puisque nous allons rester là pour nos besoins habituels de lessive, achat d'essence pour le réchaud et de diverses victuailles pour la suite.
 
La prochaine ville c'est Handeni. Arrivés là, on peut dire que c'est gagné, car la suite est beaucoup plus facile, la route est meilleure, et il ne reste qu'une centaine de km avant de rejoindre le goudron. Mais en réalité, cela ne se passe pas du tout comme ça. En effet, après la nème consultation de la carte, Bruno m'annonce que nous ne sommes pas pressés, alors au lieu de rejoindre la capitale par le goudron, on pourrait tout à fait prendre la minuscule piste "mais si, regarde, là, la minuscule, si si, ça passe, allez loute, on peut bien faire ça, bla bla bla bla".
Sur le coup, je suis un peu déçue à l'idée de remettre ça, la poussière, la piste tape cul, la vie de clochards, mais finalement la loute dit banco et au final, ça me fait plaisir. En réalité, nous qui détestons les choses trop préparées ou prévisibles et  qui adorons les plans de dernière minute, nous aimons toujours quand l'un de nous deux a un projet un peu fou. Bref, nous revoilà partis sur la piste. Elle existe en effet, elle est minuscule en effet, tape cul à souhait mais vraiment c'est une partie que nous avons adorée de A à Z. Et c'est vrai qu'on a un peu de temps, d'autant plus que nous ne voulons pas faire la dernière portion pour gagner Dar es salam. En effet, cette route est très passante et dangereuse à cause de très nombreux camions qui roulent comme des dingues. Nous prenons donc le bus pour arriver. Nous trainons peu, faisons quelques courses, quelques dizaines de kg de fruits délicieux, thé, café... et faisons emballer tout ça avec les vélos par des gars dans la rue. Inutile de dire que nos paquetages ne ressemblent à rien... 
Et c'est l'installation pour 3 jours dans une petite cahute au bord de l'océan. 3 jours à buller, à marcher sur des places de sable blanc infinies, sans un touriste ou si peu, et cela à une demi heure de ferry de la capitale. Et puis c'est le retour maison, avec plein d'histoires et d'images dans la tête, et bien sûr de nouveaux projets, revenir voir des amis africains ou changer de continent, on n'en sait rien, on avisera en temps voulu, mais j'ai vu que Bruno avait déjà déplié quelques cartes sur la table... 
 
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